Brasserie Renaux-Lefebvre: la fête comme fonds de commerce

Vendredi 15 décembre 2017 —

Pour cette édition de notre rubrique, nous avons été invités par la Brasserie Renaux-Lefebvre à Souvret, à l’occasion de la Foire aux vins, l’une des organisations traditionnelles de la Brasserie. Situé à quelques kilomètres de Charleroi, le bâtiment dans lequel la Brasserie est installée ne manque pas de cachet, avec son style de ferme en carré, une cour intérieure en authentiques pavés et les inscriptions peintes à même le mur qui témoignent de la riche histoire des installations. Bernadette et Guy ont l’espace d’un instant quitté les festivités pour nous en dire plus sur la Brasserie.. 

Que pouvez-vous nous dire sur l’histoire et l’évolution de l’affaire familiale?

Bernadette : «Je représente déjà la cinquième génération active dans le secteur. Tout a commencé en 1857 quand mes ancêtres ont ouvert la première brasserie familiale, qui se situait à Grand-Rieu, près de Beaumont. La brasserie avait sa propre bière, la Trappistine. C’est en 1939 que mon grand-père a repris la brasserie actuelle, qui appartenait à la famille Hannecart. Cette brasserie avait la particularité à l’époque de fonctionner en parfaite autonomie. Les vestiges de l’ancienne brasserie sont encore présents aujourd’hui, avec par exemple le bâtiment de la malterie à gauche de l’entrée. On retrouve également au sol l’emplacement de l’ancienne cuve de l’époque. En 1995, Guy et moi avons repris l’affaire familiale. Dix ans plus tard, nous avons racheté la recette de notre bière actuelle, la Troubouly. Pour l’anecdote, le nom vient d’un lieudit à Souvret, qui se trouvait déjà sur les cartes de la région en 1830, et où jaillit une source, au beau milieu d’une prairie.»

Au cours des années, vous avez développé une identité propre qui se démarque d’une certaine manière de l’évolution de la profession. Pouvez-vous nous en dire plus sur les choix qui ont été posés ?

« Il est vrai que nous avons fait le choix conscient de nous focaliser sur le segment des festivités. Un peu à contrecourant, il faut bien l’admettre, dans la mesure où la tendance actuelle se porte vers les drinkcenters. Nous, nous n’avons pas de magasin. En nous concentrant sur les festivités, nous avons fait le choix de la convivialité et de l’implication dans la vie associative. Pourquoi ce choix ? Premièrement, il faut dire que nous sommes installés dans une entité très vivante. Tous les weekends, il y a quelque chose à faire, que ce soit une réception de la commune, ou la fête de l’une ou l’autre association. Etant donné l’ancrage local de notre entreprise, nous avons pour ambition d’aider au développement de projets dans la région. Si le secteur des festivités se porte bien dans notre région, il n’en va pas de même pour l’horeca. Le risque que l’investissement dans ce dernier représente est une raison supplémentaire de notre choix. Il faut bien admettre que ce choix conscient porté sur les festivités a redonné un boost à notre entreprise. Nous avons aujourd’hui la capacité de faire face à des évènements de grande taille. »

« Si nous sommes en quelque sorte devenus une référence dans la région au niveau des festivités, c’est parce que nous offrons un service adapté, avec notamment une grande capacité au niveau du matériel. Aussi, nous reprenons les invendus, ce qui bien entendu est très apprécié par les organisateurs. Nous n’imposons pas non plus notre propre bière. Plus récemment, Guy a mis en place une offre d’étiquettes de bouteilles personnalisées pour les associations, entreprises, fêtes privées etc., et cette idée rencontre un franc succès auprès du public».

Vous organisez également vos propres festivités au sein de la Brasserie, comme aujourd’hui la Foire aux vins ?

« En effet. Notre salle des fêtes située à l’arrière de la Brasserie accueille trois évènements, chacun étant devenu au fil des années une tradition. »

« La Foire aux vins a lieu au mois d’octobre et se déroule sur deux jours, le vendredi et le samedi. En réalité, sur trois jours, car le weekend se termine par le « diner des culs », où les habitués se retrouvent autour d’une table dans une ambiance très conviviale. C’est là qu’on vide les fonds (culs) de bouteille du weekend, d’où le nom officieux qui a été donné à ce troisième jour. »

« Au mois de janvier a lieu la Fête de la Bière d’hiver, où le focus est mis sur les bières de saison. »

« Enfin, à la mi-juillet nous organisons les Journées de la bière, qui se déroulent sous un grand chapiteau installé sur la prairie attenante. Il y a une scène couverte, où se produisent les deux jours divers artistes, comme des jazz-bands. Au cours de l’évènement, ce sont pas moins de 16 bières qui sont disponibles au fut ! Sans oublier le Trappist Tour, qui permet aux visiteurs de gouter un panel de bières spéciales. En tout, la Fête rassemble tout de même environ 3.000 personnes ! »

Vous exercez visiblement votre métier avec un grand enthousiasme. Qu’est-ce qui vous plait le plus dans le métier de distributeur en boissons ?

« Principalement le contact. Ce n’est pas un hasard si nous avons choisi de nous spécialiser dans les festivités. Le contact est au cœur de notre activité. Il y a également la fierté de donner de l’emploi à des personnes à l’heure actuelle. C’est quelque chose qui nous tient particulièrement à cœur, et nous avons un rapport particulier avec le personnel. Nous avons actuellement une équipe de quatre ouvriers. »

Il y a sans doute également des défis auxquels vous êtes confrontés…

« Il faut dire qu’il n’est pas toujours facile de trouver du personnel qui soit prêt à nous suivre dans notre « délire » de travailler dans le domaine de la fête. Le travail peut être pénible, notamment en été, et tout le monde n’est pas prêt à faire ce travail. Il faut toutefois préciser que c'est Guy et moi qui travaillons le dimanche. L’équipe, elle, a un horaire classique de semaine.»

« Un autre défi consiste à bien sélectionner les projets. On est parfois méfiants face à certains types de clients. »

« Il y a dix ans de cela, nous aurions dû nous lancer dans la microbrasserie, mais il est à présent un peu tard pour le faire. »

Que signifie FEBED pour vous et quelles sont vos attentes pour le futur ?

« Grâce à la fédération, nous avons l’impression que notre profession a un certain poids. Nous sommes d’ailleurs fiers de faire partie d’une des plus vieilles corporations du pays, et c’est aspect n’est pas toujours assez mis en avant par la profession. On a parfois l’impression qu’il n’y a plus assez de gens qui ont le feu sacré de notre métier.»

« En ce qui concerne l’avenir, nous espérons que notre corporation pourra faire valoir ses droits, car nous nous sentons parfois écrasés par les grandes surfaces, avec l’aval des brasseries. Par exemple, en ce qui nous concerne, nous n’avons pas accès à toutes les conditions du fait que nous n’avons pas de drinkcenter. »

« En ce qui concerne les dossiers spécifiques, celui du tarif des vidanges nous tient particulièrement à cœur et nous espérons qu’il y aura des progrès réalisés sur cette question. Il y a également la législation sur les tachygraphes, qui dans notre cas ne devrait pas s’appliquer, étant donné les courtes distances parcourues. »

Un dernier conseil à donner à vos collègues distributeurs ?

« Je trouve que nous devrions plus souvent nous contacter l’un l’autre. Nous ne devrions pas être des concurrents. Certains clients mal intentionnés jouent parfois de cette concurrence, alors que nous devrions agir dans l’intérêt du métier. C’est ce que nous tâchons de faire, à notre niveau. Il nous arrive par exemple d’être contactés par un client potentiel qui n’est pas de notre région. Nous le redirigeons systématiquement vers un autre collègue. C’est de cette manière que nous parviendrons à garder vivante notre chère profession.»

www.brasserierenaux.be