Les Brasseurs de l'Europe mettent les bières artisanales au centre

Vendredi 7 juin 2019 —

Le congrès annuel des Brasseurs de l'Europe, qui s'est tenu à Anvers, était placé cette année sous le signe des bières artisanales. "Les bières artisanales ont certainement apporté une nouvelle dynamique au secteur, mais celle-ci s'accompagne d'une pression promotionnelle. Nous sommes des brasseurs, pas des marchands de tapis" déplore Charles Leclef, de la Brasserie Het Anker à Malines.

"Je crois en l'Europe. Heineken est et reste le plus gros brasseur d'Europe. Pratiquement toutes les innovations du secteur brassicole de ces dernières années viennent de l'Europe. Et avec 9.500 brasseries, nous représentons 7,5 milliards € d'exportation". Ainsi s'exprime Jean-François van Boxmeer, le CEO belge de Heineken, numéro deux mondial, qui a exposé quelques atouts de l'Europe lors du congrès annuel des Brasseurs de l'Europe. "Santé, consommation responsable et durabilité sont des thèmes très importants et gagneront encore en importance. Pour nous, il est clair que boire et conduire ne font pas bon ménage. Mais cela aussi offre des opportunités. La technologie de brassage de la bière sans alcool a accompli des pas de géant ces dernières années. De plus en plus de bières spéciales ont aujourd'hui une variante sans alcool. Nous devons être proactifs et faire connaitre sans relâche les avantages de la bière." Van Boxmeer conclut son exposé sur une note optimiste. "Peut-on imaginer un monde sans bière? Pour moi, c'est impensable."

Ina Verstl, auteur allemande d'un livre sur la consolidation du monde des brasseurs, a présenté des chiffres. Les bières artisanales ont représenté 38 milliards $ de chiffre d'affaires en 2017. Elles devraient encore augmenter de 14% environ d'ici 2023. Avec 44 millions hl, les bières artisanales représentent plus de 2% du volume mondial. Se développer au niveau mondial est particulièrement difficile pour une bière artisanale. Pour Verstl, elle doit plutôt rester locale, ancrée dans sa région d'origine. Les brasseurs artisanaux américains ont d'ailleurs vu leurs exportations baisser fortement: de 560.000 hl en 2017 à 331.000 hl. Ce sont des chiffres de l'association des brasseurs artisanaux  Brewers Association, qui ne donne pas d'explication à cette baisse sensible.

Charles Leclef, de la brasserie malinoise Het Anker, n'est pas vraiment étonné de cette évolution. "Les bières artisanales ont certainement apporté une nouvelle dynamique dans le secteur. Mais le consommateur n'est-il pas dépassé par l'offre trop grande? Il y a des décennies que nous avons recommencé à brasser des bières artisanales, parce qu'alors on n'en trouvait plus. Mais ces dernières années, on voit de plus en plus de pression promotionnelle et d'actions publicitaires telles que "un payé, un gratuit". Mais nous n'y participons pas, nous ne sont pas des marchands de tapis. Ces pratiques nuisent à votre marque. Une grande surface nous a récemment promis d'acheter un gros volume, si nous faisions une telle promotion. Mais ces promotions ne vous apportent pas de clients fidèles. Si on pêche tous dans le même étang, ce sont ceux qui, financièrement, ont les épaules les plus solides qui gagneront. De plus, la Belgique a un système de contrats de brasserie. Avec ce système, les brasseurs peuvent vendre un certain volume de leurs propres bières. Ce canal de distribution est utilisé pour exclure les bières des autres. C'est certainement un obstacle pour les nouveaux venus."

Source: Trends

www.brewersofeurope.org